Retour sur la Journée des Achats Responsables d’ECOTER

L’achat éco-responsable : moteur de réindustrialisation et d’attractivité territoriale

Le vendredi 15 novembre 2024, la Halle aux Grains de Lavaur a été le théâtre d’un événement clé : une journée de rencontres dédiées aux achats responsables, organisée par l’association ECOTER. Le thème, « L’achat éco-responsable : attractivité économique et réindustrialisation verte des territoires », a rassemblé des experts, décideurs publics, et entreprises engagées dans la RSE. Parmi les participants, Françoise BARUTELLO, présidente du Club d’Entreprises Réussir, et Laurent BANNWARTH, membre actif, ont contribué à enrichir les débats.

Arnaud MONTEBOURG : plaidoyer pour un protectionnisme intelligent

L’intervention d’Arnaud MONTEBOURG, ancien ministre de l’Économie, a marqué les esprits. Il a plaidé pour un protectionnisme européen pragmatique, nécessaire pour réindustrialiser les territoires et réduire l’impact écologique des importations. En dénonçant les dérives d’un marché globalisé, il a illustré ses propos avec deux cas emblématiques :

  • La faillite de Carlide, une PME française fabriquant des poches médicales, mise en difficulté par l’AP-HP qui avait préféré un fournisseur allemand à prix réduit. Malgré une aide publique de 25 millions d’euros pour tenter de la sauver, l’entreprise n’a pas survécu, soulignant l’absurdité d’économies réalisées sur des achats mais payées au prix fort par les contribuables.
  • La dépendance aux principes actifs du paracétamol, largement produits en Asie pour des raisons de coûts. MONTEBOURG a rappelé que ces économies sont souvent réalisées au détriment des normes environnementales, comme en Inde où les usines polluent massivement. « Nous exportons les nuisances écologiques pour payer moins cher, mais à quel prix ? », a-t-il interrogé, appelant à relocaliser ces productions essentielles.

Selon lui, l’Europe doit cesser d’être « l’idiot du village global » en imposant des normes strictes aux importations non européennes et en soutenant ses industries locales.

Des freins juridiques et structurels à l’achat responsable

Si les achats publics sont identifiés comme des leviers puissants pour encourager une transition écologique et économique, plusieurs freins structurels freinent leur efficacité en France. Le délit de favoritisme, par exemple, rend difficile l’intégration explicite de clauses environnementales ou sociales dans les appels d’offres publics, sauf si elles sont strictement encadrées par le règlement de consultation.

Par ailleurs, les collectivités locales manquent souvent de compétences spécialisées en achats, faute de moyens pour recruter des experts. En réponse, des dispositifs comme l’UGAP (Union des Groupements d’Achats Publics) offrent des solutions mutualisées, mais ne remplacent pas l’autonomie locale nécessaire à un véritable ancrage territorial. En comparaison, les Landers allemands disposent de 3 000 acheteurs publics formés, démontrant que l’investissement dans ces compétences peut être un catalyseur de dynamisme économique local.

CHU de Montpellier : pionnier des achats publics responsables

Face à ces contraintes, certains acteurs publics parviennent néanmoins à tirer leur épingle du jeu. Le CHU de Montpellier, avec son programme SPACER (Schéma de Promotion des Achats Publics Socialement et Économiquement Responsables), consacre chaque année 50 millions d’euros à des achats responsables, intégrant des critères sociaux et environnementaux. Cet exemple démontre qu’il est possible d’allier performance économique, impact écologique et soutien aux entreprises locales, même dans un cadre contraint.

Pierre Fabre : quand la RSE devient un levier d’innovation

Du côté des entreprises, PIERRE FABRE a présenté une stratégie où la RSE pèse systématiquement pour 15 % minimum dans les critères de sélection des fournisseurs. Frédérique GOUBET D’HAUSSEY a également détaillé un dispositif innovant : un programme d’affacturage inversé permettant à ses fournisseurs, souvent des PME, de financer leurs projets tout en respectant les critères RSE.

Elle a souligné l’importance d’une démarche collaborative, mobilisant à la fois les services achats, les équipes IT pour des initiatives numériques responsables, et les associations locales. Cette approche intégrée prouve que la RSE n’est pas un coût mais une opportunité de développement durable.

SNCF et Frayssinet : des exemples d’engagement concret

La SNCF a également démontré son engagement, intégrant les critères RSE dans ses politiques d’achat et prouvant que de grandes organisations peuvent devenir des locomotives pour la transition écologique. De son côté, Mathieu GREBOT de FRAYSSINET a insisté sur la nécessité d’encourager les circuits courts et de renforcer les partenariats entre grandes entreprises et PME pour maximiser l’impact local.

Le Club d’Entreprises Réussir : acteur clé de la transition

La participation active de Françoise BARUTELLO et Laurent BANNWARTH témoigne de l’engagement du Club d’Entreprises Réussir pour sensibiliser ses membres aux opportunités qu’offre la RSE. « Promouvoir des pratiques d’achat éco-responsables, c’est contribuer à une économie locale plus durable et plus compétitive », a affirmé Françoise BARUTELLO.

En conclusion, cette journée a souligné que les achats responsables sont bien plus qu’une tendance : ils sont un levier essentiel pour réindustrialiser nos territoires, réduire l’impact écologique et renforcer notre souveraineté économique. Le Club d’Entreprises Réussir invite ses membres à s’inspirer de ces exemples concrets pour intégrer ces bonnes pratiques dans leurs stratégies. L’avenir de nos territoires en dépend.

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